mardi 28 juillet 2009

Arrivée en Sardaigne


Mardi 14 Juillet – Mahon

C’est la fête nationale en France, nous voyons aussi beaucoup de bateaux Français immatriculés dans le Midi, les Baléares étant une destination de croisière très prisée et très accessible pour eux.
Nous sommes mouillés près d’une petite île, à proximité du chenal des vedettes à passagers et celui-ci devient très encombré, elles sont obligées de zigzaguer entre les bateaux au mouillage… La police portuaire intervient et oblige quelques bateaux à se déplacer, dont Dam’Marine qui débordait un peu de la zone règlementaire…
Nous consultons tous les jours les oracles de la météo mais les vents et la houle sont désespérément orientés à l’est, de plus un fort coup de mistral se prépare pour Vendredi et va nous obliger à attendre encore !
La chaleur s’est accentuée, le temps est ensoleillé, mais l’atmosphère est humide et rend cette chaleur un peu pénible, heureusement que nous avons la grande baignoire à proximité !
Dans les rues d’Es Castell, village voisin, nous rencontrons Ann et Michael de « Nimue » qui font escale à Mahon avant de repartir vers Majorque puis la région de Barcelone.

Vendredi 17 Juillet – Mahon

Le coup de vent prévu arrive bien vendredi soir à l’heure annoncée par la météo (chapeau !), vers 11 heures, nous avons 25 à 30 nœuds établis et des rafales a + dans la zone de mouillage. Les bateaux commencent à faire des embardées …
Nous sommes un peu inquiets, non pas pour notre mouillage, car j’ai empennelé (2 ancres bout à bout), mais à cause du voisinage, car il y a beaucoup de profondeur et les ancres tiennent mal.
A juste raison car, en regardant par le hublot, je vois la vedette qui était mouillée devant nous venir à notre hauteur et continuer à reculer, il n’y a aucune lumière dessus.
Nous crions et le propriétaire finit par sortir, met le moteur en route et repart en des manœuvres incertaines contre le vent pour mouiller à nouveau à peu près au même endroit, ce qui fait que nous ne sommes toujours pas très tranquilles !
Une autre grosse vedette se met aussi à reculer lentement, il n’y a personne à bord. Elle longe la côte de près et s’éloigne doucement dans la nuit… Ses propriétaires, partis au restaurant, la récupéreront à 2h du matin, ils ont eu beaucoup de chance !
Un gros ketch se met lui aussi à chasser sur son ancre et recule droit sur un petit voilier mouillé à une cinquantaine de mètres de nous, il est à moins d’un mètre, les gens du petit bateau crient et finalement nous voyons des ombres s’agiter sur le ketch qui repart en avant … Chaud !
Pendant ce temps, en regardant derrière, je constate avec horreur que notre annexe s’est retournée et le moteur boit la tasse. Vite nous la redressons et j’essaie de lancer le moteur qui est serré … En tournant l’hélice, j’arrive à le débloquer, nous le remontons à bord et rinçons à l’eau douce, mais il ne veut rien savoir, nous verrons demain… quelle nuit !

Samedi 18 juillet – Mahon

Le matin Loulou, qui a le fluide de la mécanique, vient voir le moteur d’annexe . Il me rassure en disant qu’il doit repartir … Nous faisons divers essais, vérifions l’allumage, mais en vain… puis soudain il se met à tousser et démarre ouf ! J’en suis quitte pour faire 2 vidanges car l’huile a été contaminée par l’eau de mer… et il marche comme avant.
Les dernières météos nous donnent une fenêtre pour lundi et mardi, nous décidons donc de partir lundi matin. Dam’Marine fera route vers le sud de la Sardaigne tandis que nous rejoindrons Alghero au nord-ouest. Nos chemins vont donc se séparer après plus d’un mois de navigation commune et une bonne amitié. Nous espérons nous retrouver plus tard car nous avons plus ou moins les mêmes destinations.

Lundi 20 juillet … Mahon – Alghero (Sardaigne) - 210 milles

Nous voulons faire un maximum de la traversée à la voile, aussi nous ne partons pas trop tôt et prévoyons de passer 2 nuits en mer. Le temps est beau ce matin mais il y a très peu de vent et celui-ci souffle d’est/sud-est, presque dans le nez bien sûr !
Le cap à suivre est au 80° mais Algieba ne peut faire mieux que du 70° et nous dévions petit à petit notre route vers le nord. Le vent souffle entre 6 et 8 nœuds et nous parvenons à marcher autour de 4 nœuds, ce qui n’est pas si mal !
A part 2 cargos, nous ne voyons pas grand-monde … Après un superbe coucher de soleil, la nuit arrive et nous commençons nos quarts. Les batteries ayant besoin de charge, nous mettons le moteur en route et en profitons pour regagner du cap au sud, puis de nouveau à la voile.
En fin de nuit, le vent forcit un peu et atteint 12 à 13 nœuds en pointe, il y a plus de mer mais cela ne dure pas très longtemps et dans le milieu de matinée, le vent reprend son petit régime.
Dans le courant d’après-midi, alors que nous sommes encore à 80 milles des côtes de Sardaigne, deux pigeons voyageurs, sans doute fatigués, viennent se poser sur le pont. Nous leur donnons à boire, mais ils ne veulent pas manger de pain … Peut-être préfèrent-ils du blé mais nous n’en avons pas à bord !
Ils ne sont pas très sauvages et viennent nous voir de temps en temps dans le cockpit, ils nous tiendront ainsi compagnie jusqu’au lever du jour, à une dizaine de milles des côtes, instant où ils reprendront leur envol … vers où ?
Pendant ce temps, Algieba continue sa route dans la nuit, glissant sur la mer calme. Le ciel est constellé de milliers d’étoiles, il n’y a pas de lune. Les lumières de la côte sont aperçues vers 3 heures du matin et nous nous en approchons doucement, le lever du soleil sur la côte montagneuse est magnifique.

Le vent est toujours aussi régulier et adonne, c’est un vrai bonheur cette arrivée sur la Sardaigne.
Je barre afin de gagner au plus près du vent et doubler le Cabo Caccia qui garde la grande baie d’Alghero au nord.
Nous repérons l’entrée du grand port qui se trouve au fond de cette baie et nous y pénétrons dans le début de matinée. Nous avions prévu d’aller au quai municipal mais un homme sur un zodiac nous propose une marina à un prix plus intéressant et nous nous laissons tenter. Nous ne le regretterons pas car c’est tranquille tandis que le quai municipal, au pied de la vieille ville, est très bruyant !

Mercredi 22 juillet - Alghero

Le premier contact avec l’Italie est plutôt positif, l’accueil à la marina est très chaleureux. Cela fait plus d’un mois que nous ne sommes pas allés dans un port et nous retrouvons un certain confort !
Nous sommes bien sûr fatigués et une sieste s’impose d’autant qu’ici la chaleur règne avec plus de 35° …
Dans la fin d’après-midi, nous allons visiter la vieille ville très typique avec ses fortifications, nous prenons plaisir à flâner dans les ruelles étroites et ombragées.
Nous remarquons aussi que les fleurs sont beaucoup moins présentes qu’en Espagne, donnant à l’ensemble une impression un peu plus austère mais tout de même agréable.
C’est aussi l’Italie, bruyante, à l’image d’une salle internet où il est difficile de se concentrer tellement ça crie et parle fort !

Jeudi 23 juillet au Samedi 25 juillet : Alghero

Toute la matinée du jeudi est consacrée au nettoyage du bateau, au remplissage des réservoirs d’eau … et l’après-midi, nous poursuivons notre visite de la ville.
Alghero fut créée au XIè siècle par les Génois qui fortifièrent ce qui était un village de pêcheurs puis les Catalo-Aragonais occupèrent la place en 1354 et y restèrent durant 4 siècles. Ils ont marqué la ville de leur empreinte, aussi bien dans l’architecture des grands édifices et églises que dans la langue, beaucoup de mots Catalans étant employés.
Il reste beaucoup de tours et la ceinture de remparts le long de la côte est intacte. Cet endroit est très fréquenté par les touristes Italiens mais aussi Français et autres Européens.
Un soir, Italie oblige, nous nous offrons une pizza dans un petit resto populaire puis nous allons déguster une glace dans les rues grouillantes de monde jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Le vendredi matin, à notre grande surprise, les « carabinieri » au nombre de six, bottés, arrivent sur le ponton et commencent à apposer des bandes de plastique autour du bureau de la marina et sur le ponton… ce sont des scellés !
Nous apprenons que le propriétaire (Frederico ,très sympathique et serviable) a des démêlés avec la justice pour des histoires d’autorisation d’extension et on vient lui administrer une punition !
Du coup, nous n’avons plus de sanitaires et chacun se débrouille ! c’est un peu le folklore… Ils feront un geste au niveau du tarif.

Dimanche 26 juillet : Alghero – Baie de Porto Conte -10 milles

Départ dans la matinée, le petit vent de sud /sud-ouest nous permet de marcher à la voile jusqu’à l’entrée de la baie distante d’environ 9 milles. Nous pensons trouver beaucoup de monde dans les mouillages mais , en avançant vers le fond de la baie, nous repérons la Cala de Tramariglio où il y a un petit ponton et seulement 3 bateaux au mouillage … En approchant, nous voyons un catamaran à l’allure caractéristique et battant pavillon Français, c’est bien sûr Baami et nous mouillons derrière lui par 4 mètres de fond sur des posidonies.
Hervé vient nous voir à la nage et nous prévient que les ancres tiennent mal, il va même plonger pour voir si la nôtre est correctement positionnée.
Son dos va mieux et il a pu reprendre sa route après 3 semaines passées à Fornells.
La cala est spectaculaire, entourée de montagnes boisées de pins et l’eau est transparente, l’endroit est de toute beauté. Un ancienne tour de guet perchée sur un sommet domine les lieux.
Le fond est tapissé de posidonies et je plonge également pour aller voir l’ancre qui repose sur les posidonies , dans un petit sillon … Il ne faudrait pas un coup de vent trop fort ! La météo étant optimiste, nous resterons comme ça.
Hervé nous invite à bord de Baami , il possède d’excellents whiskies Irlandais auxquels nous ferons honneur ! Puis ,après un excellent repas de coquilles St jacques, nous prolongerons cette agréable soirée …
Pendant notre séjour, nous ferons quelques marches aux alentours pour découvrir de superbes panoramas, écouter les cigales qui font un bruit d’enfer ( nous les prendrons en photo …). Nous grimperons également jusqu’à la tour de guet sous un soleil ardent avec au sommet la récompense, la découverte du paysage magnifique de la baie de Porto Conte.

lundi 13 juillet 2009

Mahon

Mardi 30 juin – Mercredi 1er juillet - Ciutadella

Les trois jours passés dans cette merveilleuse petite cité furent agréables, faits de visites, de promenades et de baignades. Nous avons particulièrement apprécié les promenades en annexe le soir, le long du port dans les eaux calmes au pied des fortifications.
La chaleur se fait de plus en plus sentir, nous atteignons les 35° tous les jours et la température de l’eau se situe autour des 24/25°.

Jeudi 2 juillet – Ciutadella – Fornells ( 22 milles )

Nous contournons Minorque par le nord et longeons une côte faite de falaises de hauteur moyenne prolongées par des plateaux herbeux ponctués de nombreux murets de pierre délimitant les propriétés.
Nous voyons aussi beaucoup de sortes de petits monuments de pierre .
Cette côte est très découpée et abrite des petites calas où il est possible de mouiller par temps calme.
La cala de Fornells, que nous atteignons en début d’après-midi est très vaste et bien protégée par une étroite entrée orientée au nord. Nous trouvons là un mouillage sur une bouée autorisé pour 2 nuits maximum. Tout le côté gauche en entrant est une réserve naturelle et il est interdit d’y poser son ancre, cependant cela est encore toléré dans certaines zones.
A proximité d’une petite plage, nous apercevons BAAMI, le catamaran d’Hervé niché près de la garrigue... Une petite visite s’impose et nous rencontrons un Hervé bloqué dans son bateau par un lumbago sévère !
Nous sommes aussi rejoints par Bernard, un ami Belge de Loulou et Dominique, voyageant depuis 14 ans à bord d’un Maramu « PAREO ». Il a beaucoup bourlingué en Méditerranée qu’il connaît bien et aussi au Brésil et aux Antilles.
Le lendemain matin sera consacré au remplissage des réservoirs, gas-oil et eau, pour les deux bateaux Algieba et dam’Marine dans le petit port de Fornells et l’après-midi à une ballade sur les collines dans la garrigue, d’où nous découvrons de superbes paysages.

Samedi 4 juillet- Fornells- Illha Colom – 14 milles

Une petite navigation d’abord au moteur puis à la voile (au près bien sûr !) pour nous rendre à un petit mouillage devant l’île Colom située un peu plus à l’est.
Il s’agit encore de bouées mises gratuitement à la disposition pour une durée maximum de deux nuits … Ce mouillage est très bien abrité du nord-est au nord-ouest et l’eau est bleu turquoise, d’une exceptionnelle transparence.
Nous nous trouverons très bien dans cet endroit mis à part le trafic des petites embarcations qui passent à toute vitesse entre les bateaux au mouillage ( surtout que c’est le week-end !).
A la suite de l’île, se trouve la Cala d’Es Grau et au fond de cette cala, le petit village du même nom. C’est une station balnéaire plutôt populaire avec une grande plage bordée de bois de pins et de garrigue et également une partie marécageuse autour de grandes salines. Toute cette zone est classée en parc naturel et des sentiers ou chemins permettent de s’y promener à pied en écoutant le chant assourdissant des cigales.
Une multitude d’embarcations de toutes sortes sont amarrées dans le petit port ou au mouillage devant le village.
Nous avons également débarqué sur l’île Colom qui est une réserve naturelle où il n’y a absolument rien si ce ne sont des rochers tendres curieusement sculptés et troués comme du gruyère, des touffes de végétation par ci par là et de nombreux goélands. Nous devons gravir des passages escarpés entre les rochers, le paysage est lunaire … et c’est la solitude !

Lundi 6 juillet – Illha Colom- Mahon – 11 milles

Le vent a tourné au nord durant la nuit et souffle à 12/13 nœuds, suffisant pour qu’une petite houle s’infiltre dans le passage entre l’île Colom et Minorque.
Nous quittons donc le mouillage assez tôt en compagnie de Dam’Marine et de Pareo et tout le monde hisse les voiles. Nous aurons un peu de vent pendant une bonne heure puis de nouveau il tombe … Cependant, nous approchons de Mahon qui est la nouvelle capitale de Minorque, imposée par les Anglais depuis les années 1700.
Après avoir doublé le Cabo Negro puis la Punta del Espero, nous empruntons un long chenal fréquenté aussi par les cargos et autres méthaniers car Mahon est un grand port de commerce établi dans cette immense cala formant un excellent abri naturel… C’est, paraît-il, le deuxième plus grand port naturel du monde après Pearl Harbour.
Les abords de l’entrée sont fortifiés car l’endroit a suscité beaucoup de convoitises tout au long du passé …
Nous trouvons une bouée libre à la Cala Llonga, cette fois-ci nous devrons payer, le tarif n’est pas exagéré mais il n’y a aucun service et de plus, nous sommes assez loin de la ville et du côté opposé.
10 minutes d’annexe et 20 minutes de marche à pied sont nécessaires pour se rendre au cœur de la ville.

Mardi 7 juillet au …. MAHON

Pour l’instant, des vents forts de nord/nord-ouest règnent sur la partie nord de la Méditerranée et nous allons attendre ici des conditions météo favorables pour traverser vers la Sardaigne et en profiter bien sûr pour visiter un peu les environs.
Nous commençons par la ville dont le centre historique se trouve sur un promontoire au fond de la cala.

Il y a de très beaux édifices palais, églises, monuments et l’ensemble est très agréable, cependant nous avons préféré Ciutadella. Les rues sont très animées car les touristes sont nombreux, Mahon étant doté d’un aéroport.
Mercredi, nous prenons le bus afin de visiter l’intérieur de l’île en compagnie de l’équipage de Dam’Marine. Nous empruntons la route principale de l’île pour nous rendre à Alaior qui est un gros village. Le paysage est très verdoyant, les plaines et petites collines sont parsemées de grosses touffes d’arbustes dont nous ignorons le nom et qui alternent avec des petits pins dans la rocaille.
Il y a beaucoup de petites parcelles cultivées (blé, orge etc …) séparées bien sûr par les innombrables murets de pierre, les moissons sont déjà faites.
Après avoir visité le village, sa belle église, ses ruelles et un abri anti-aérien datant de la guerre civile, le pique-nique est de rigueur. Nous repartons ensuite, toujours en bus, vers Es Mercadal, autre village situé vers le centre de Minorque là où se trouve la partie la plus montagneuse de l’ile avec le point culminant à 357 mètres : El Toro.
Nous entreprenons à pied l’ascension de ce sommet ! 3 kilomètres de marche, parfois un peu difficiles pour le jeune Bastien … et nous voilà en haut où se trouve un couvent de Franciscaines. Une grande statue du christ ressemblant au Corcovado de Rio de Janeiro se dresse au voisinage d’un champ d’antennes impressionnantes !

Jeudi, nous quittons notre bouée pour retourner à l’ancre près d’une petite île. Nous devons nous y reprendre à deux fois pour mouiller car il y a déjà des bateaux et la profondeur est de 13 mètres. Les bateaux à passagers passent parfois entre les voiliers au mouillage et provoquent quelques remous … Ils ont pourtant la place pour passer plus loin !
Et voilà, sept jours ont passé, les vents soufflent de l’est, nous attendons dans cet endroit agréable une fenêtre météo favorable à la traversée vers la Sardaigne…

mercredi 1 juillet 2009

Arrivée à Minorque

Mardi 23 juin – Port Soller

Ce fut une très longue escale à Port Soller, charmant endroit qui, de plus nous offrait toutes les facilités tout en étant au mouillage. Nous avons également profité de cet arrêt prolongé pour régler quelques questions administratives …
Le mouillage était très bien quoique assez fréquenté et quelquefois perturbé par des bateaux qui se placent mal et qui nous ont parfois obligé à manœuvrer pour changer de place. Ce fut notamment le cas un jour où une quinzaine de voiliers Français de Port Camargue ont envahi le mouillage, l’un d’entre eux se retrouvant à deux mètres de nous, autant dire que nous n’étions pas tranquilles mais heureusement, la nuit fut calme.
Nous eûmes également quelque inconfort passager causé par une houle provenant d’un fort mistral sur le nord de la Méditerranée occidentale. Cette houle quoique de nord-est réussissait à pénétrer dans l’entrée et a fait rouler les bateaux !
Nous avons bien sûr visité la région en faisant des ballades sur les sentiers montagneux, tous nos déplacements se faisant à pied, parfois en bus pour les distances plus longues.
Une exception quand même… Loulou et Dominique (et Bastien) nous ont proposé de louer une voiture et de faire une excursion dans l’intérieur de l’île. Vendredi 19, par une journée chaude, nous sommes donc partis tous les cinq en expédition dans une Fiat Panda, direction Alaro où se trouvent les ruines d’un château dans les montagnes.
Après nous être élevés par de petites routes sinueuses, étroites et très pittoresques, nous arrivons à une ferme ( Es Verger) où il y a un restaurant à l’ancienne très réputé. La route, qui n’était déjà plus très carrossable semble s’arrêter. Une grand-mère nous indique qu’il faut franchir cette barrière et continuer deux kilomètres en voiture puis vingt minutes à pied, ce que nous faisons sur un chemin défoncé …
Nous arrivons enfin aux ruines du château situé sur une crête au bord d’aplombs vertigineux. Nous admirons le paysage magnifique qui s’étend sous nos yeux. Au nord-est les sommets montagneux et au sud, la ville de Palma et sa baie … Nous sommes récompensés !
Le château d'Alaró fut un haut lieu de résistance face aux envahisseurs. Il a notamment été défendu par les partisans de Jacques III, dernier roi de Majorque face à leurs cousins Aragonais. On le comprend d'autant mieux quand on voit ce nid d'aigle perché sur la Serra de la Tramuntana, dominant ainsi la plaine de Majorque.
Retour par Es Verger et petite pause afin de se désaltérer. La salle de restaurant, grande pièce aux murs de pierre décorés d’objets anciens, est très rustique. Il serait bon de prendre plus de temps et déjeuner là mais nous voulons profiter de la voiture et aller voir d’autres endroits !
Au nord de l’île se trouve Alcudia et sa vieille cité qui fut créée par les Romains en 123 avant JC.
Les Musulmans se sont ensuite installés dans l’île en l’an 903 et ont laissé leur empreinte dans la ville actuelle et ses fortifications avant la reconquête par les Catholiques en 1229.
C’est donc une ville chargée d’histoire et très plaisante à visiter malgré un côté un peu trop touristique.
La suite de la promenade passe par Pollença puis le cap Formentor à la pointe nord-ouest de l’île, très impressionnant avec ses hautes falaises tombant à pic dans la mer. De nombreuses criques sont nichées parmi ces falaises et sont accessibles en bateau, l’eau transparente est verte et turquoise et donne envie d’aller jeter l’ancre (par très beau temps évidemment).
Nous refaisons une incursion dans l’intérieur par le village de Muro et ses nombreux moulins avant de reprendre la route de Port Soller.



Mercredi 24 juin – Port Soller – Pollença ( 42 milles )

Il fallait repartir et quitter notre havre de Port Soller, ce que nous faisons en ce mercredi. C’est donc en compagnie de Dam’Marine que nous mettons le cap sur le nord de l’île par vent contraire faible et un temps magnifique.
Dam’Marine est un robuste ketch de 20 tonnes et a besoin de vent pour s’animer, il fait donc route directe au moteur tandis que nous partons tirer un bord vers le large. Voyant le vent faiblir encore, nous revenons vers la côte et mettons le moteur afin de gagner vers le nord-est.
Vers 13h30, le vent revient, toujours contraire mais un peu plus soutenu. Cap sur bâbord et c’est reparti pour un grand bord vers le large puis de nouveau un bord vers la terre et en serrant le vent au maximum, nous parvenons à doubler le cap Formentor derrière lequel s’ouvre la baie de Pollença. C’est une baie très fermée mais quand même ouverte au nord-est.
Une pointe très avancée vers l’est (elle porte le nom de Punta de l’Advanzada) offre un bon abri et nous décidons d’aller mouiller derrière cette pointe.
Dam’marine est déjà là bien sûr, mais surprise, est amarré à un corps-mort, Loulou vient à notre rencontre dans son annexe et nous explique que la zone a changé et que, pour cause de protection des fonds sous-marins, les corps-morts sont mis gratuitement à disposition des usagers par le gouvernement des Baléares… Une fonctionnaire très aimable arrive d’ailleurs aussitôt pour nous indiquer le corps-mort et faire remplir quelques papiers.
Nous serons donc quittes de jeter l’ancre et envisageons de passer deux nuits ici car le baromètre chute terriblement …

Jeudi 25 juin au dimanche 27 juin – Pollença

Nous avons passé 2 nuits sur une bouée dans un décor très agréable, avec pour toile de fond l’immense demeure d’un Anglais richissime bâtie sur la Punta Advanzada et offrant à la vue ses beaux bâtiments anciens ( une sorte de château) ainsi que des jardins luxuriants sur les pentes de la colline.
Jeudi matin, le beau temps a été interrompu par un orage pas trop violent et de courte durée, ensuite le soleil est revenu, encore plus vigoureux !
Ensuite, nous sommes allés un peu plus près de la ville, et nous avons jeté l’ancre à proximité du port. Tout de suite, nous entendons « hello » , c’est Ann et Michael à bord de Nimue qui nous font des signes … retrouvailles !
Le port de Pollença est une importante station balnéaire très touristique et remplie d’Anglais… Vous parlez aux commerçants en Espagnol, ils vous répondent en Anglais !
Sinon, les arrières sont très beaux, c’est la montagne et ses paysages grandioses. Nous nous sommes promenés en suivant un sentier de randonnée jusqu’à la Cala Boquer, située sur la côte ouest de l’autre côté de la pointe formée par le Cap Formentor.
Le sentier s’élève d’abord puis passe dans une vallée située entre deux crêtes montagneuses impressionnantes, les chèvres gambadent dans les rochers et les hirondelles font leurs nids dans les trous des falaises.
Il faut ensuite redescendre vers la cala par un étroit sentier pierreux et abrupt qui se termine dans le lit d’un petit torrent avant de découvrir cette charmante petite crique aux eaux claires…

Lundi 29 juin - Pollença – Ciutadella ( Minorque) 34 milles

Nous nous levons plus tôt ce matin et l’ancre est relevée vers 8h15, nous avons prévu de traverser vers Ciutadella sur l’île de Minorque qui n’est distante que de 34 milles.
Il n’y a pas un souffle d’air, aussi c’est la « risée Volvo » qui assure la propulsion du bateau, ronron monotone pendant plusieurs heures jusqu’à ce que Eole daigne nous envoyer 6 à 7 nœuds qui nous permettent de mettre à la voile et reposer ce brave moteur, pas pour très longtemps, car une heure et demie après, il faut le remettre en route .
J’ai vainement essayé d’appeler Loulou à la VHF et je l’entends finalement au moment où nous apercevons son bateau niché dans une petite cala à l’entrée de Ciutadella. Dam’Marine est mouillé sur son ancre et deux aussières rejoignent les rochers en arrière du bateau.
Nous nous mettons à couple et, avec l’aide de Loulou , nous emmenons l’ancre avec l’annexe, mais cela fait beaucoup de poids et nous avons toutes les peines du monde à mouiller cette ancre .
Cela fait, je vais mettre les longues aussières aux rochers et en faisant marche arrière je constate que l’ancre n’est pas crochée… Relevage de l’ancre et manœuvre au moteur pour re-mouiller … Epuisant !
Finalement, nous sommes très bien installés dans cette petite cala à l’eau transparente et pouvons goûter les joies de la baignade…
Le lendemain matin, nous partons visiter cette magnifique cité chargée d’histoire et ancienne capitale de l’île… Tous les bâtiments sont construits avec une pierre calcaire un peu ocre provenant d’une carrière de l’île.
Cette ville, créée par les Phéniciens, a connu un grand nombre d’invasions … Les Grecs, les Romains puis les Arabes l’occupèrent et elle fut entièrement détruite par le pirate Turc Barberousse qui prit la ville et emmena ses habitants pour en faire des esclaves !