jeudi 13 octobre 2011

De retour à Mytilène

Bonjour à tous,
Nous voici de retour à Mytilène pour y préparer l'hivernage. La saison avance et le temps devient plus capricieux, nous avons eu de grosses pluies dimanche et lundi derniers mais le temps est redevenu beau depuis.
Nous avons fait un beau voyage cette année encore avec la découverte de nombreuses îles, certes le nombre de milles parcourus (1500 environ) a été beaucoup moins élevé que l'an dernier mais les escales ont été privilégiées.

Du 10 septembre au 13 septembre - Mytilene

Mytilène est une très jolie ville de 35000 habitants qui s’étend sur une grande pointe au Sud-Est de Lesbos, se terminant par le cap Lymakra. Elle est très animée, et à certaines heures la circulation y est intense à l’entrée de la ville. Les quais du port sont assez bruyants surtout le soir avec les motos pétaradantes et la musique des nombreux bars et tavernas.
A l’intérieur de la ville, une longue rue piétonne avec les commerces habituels et une grande artère commerçante perpendiculaire bordée de superbes maisons bourgeoises. De ces maisons, il y en a aussi de nombreuses dans les quartiers calmes derrière le port. Les vieux quartiers sont, comme à l’habitude, constitués de ruelles étroites qui grimpent vers le sommet de la colline d’où l’on a une superbe vue sur les baies Sud et Nord.
Les quartiers modernes grignotent aussi les collines.
L’immense château médiéval occupe la pointe Est et donne directement sur la mer. Le dimanche matin, nous avons fait un footing, le terrain est très pentu ! Mais les petits quartiers extérieurs sont charmants, sentant bon le jasmin.


14 septembre – Mytilene – Mandraki ( île de Oinoussai) – 47 milles

En attendant de commencer l’hivernage, nous décidons de descendre un peu vers le sud, en direction de l’île de Chios. Le vent est portant ce matin à 12 nœuds environ et nous pousse bien. Après une courte pétole à l’heure de midi, il tourne à l’ouest et fraîchit progressivement jusqu’à 20 nœuds. Nous descendons donc au près bon plein à bonne allure dans les gerbes d’écume.
En fin d’après-midi, la pointe de l’île d’Enousses ( ou Oinoussai) est doublée et nous pouvons rejoindre le port de Mandraki au vent arrière. Celui-ci est un petit port naturel sur la côte sud de l’île protégé par plusieurs îlots, il est donc parfaitement abrité et nous amarrons Algieba le long du quai parmi les bateaux de pêche.
Le joli village est adossé à la colline et présente ses maisons colorées et sa belle église bleu-ciel dans la douce lumière de la fin d’après-midi.

15 septembre au 17 septembre- Mandraki

Cette île d’Enousses ( 800 habitants) est la patrie de familles de gros armateurs Grecs dont la famille Costas-Lemos (plus riches que les Onassis) et les Pateras. Ce sont maintenant les héritiers qui gèrent la fortune, ils vivent en Suisse ou à Londres et ils font du mécénat pour leur île d'origine.
Ainsi, nous avons vu un superbe stade avec terrain de foot en pelouse synthétique, une belle piste d'athlétisme et de beaux gradins... Une superbe école de Marine marchande y est installée, plusieurs bassins ont été construits dans le port pour les petits bateaux de pêche, la grande église a été refaite et arbore une magnifique couleur bleu-ciel et le village contient de belles vieilles demeures dont certaines sont restaurées ou en cours de restauration.
Il y a encore un très beau musée consacré à la marine marchande avec une magnifique collection de maquettes d'anciens bateaux réalisées en os et en ivoire et beaucoup de maquettes de cargos ou super-tankers ayant appartenu aux Costas-Lemos ou aux Pateras.
L’endroit est très calme, les petits bateaux de pêche font un peu d'animation ... Il n’y a pas de touristes mais c’est aussi difficile de se ravitailler ! Le pain vient de Chios par le ferry journalier à 15 h et les fruits-légumes une fois par semaine.
Des petites routes en lacets parcourent l’île et on peut s’y promener tranquillement. Le sol est plutôt aride avec une végétation basse et clairsemée qui fait le bonheur des biquettes omniprésentes.
Bien entendu, il y a une chapelle à presque tous les détours de chemin.
Nous sommes aussi allés voir le cimetière où les riches familles sont enterrées, les magnifiques mausolées de marbre y sont nombreux et témoignent de leur richesse.

18 septembre – Mandraki – Chios ( ile de Chios)- 10 milles

10 milles seulement séparent Mandraki de la « marina » de Chios qui est notre destination.
Je comptais sur un vent de force 4 ce matin, prévu par toutes les sources météo … Cela avait bien soufflé toute la nuit et, dès la pointe de l’île doublée, c’est un bon 20 nœuds qui nous accueille, arrière heureusement. La navigation est courte et le sera d’autant plus que le vent monte à 25 puis 28 nœuds et rafales à 30. C’est sous génois seul parmi les blancs moutons que nous rallions rapidement notre destination à plus de 6 nœuds de moyenne.


L’entrée de la « marina » est assez pointue car le passage entre les roches venant du littoral et le musoir fait à peine 8 mètres de large, il faut donc raser le musoir… Cette « marina », comme beaucoup d’autres en Grèce, n’a jamais été achevée. Plusieurs gros ferries tous rouillés finissent leur vie ici, en attendant de couler un jour ! Nous craignons parfois que leurs aussières usées ne se rompent ! De vieilles barges y sont aussi entreposées, les petits bateaux sont un peu partout, c’est l’anarchie complète !
Le long du môle après l’entrée, il y a quelques places et nous pouvons nous y amarrer. L’environnement fait un peu « zone » mais c’est très bien protégé de tous les secteurs et surtout de Maître Meltem.
Bien entendu, c’est gratuit et le centre ville est à 2 kilomètres et nous allons y faire un tour l’après-midi.

Lundi 19 septembre au 3 octobre - Chios

Pour l’instant, Algieba est le seul bateau de passage ici. Nous sommes tranquilles et il y a un super marché pas très loin. La ville de Chios qui était calme le dimanche se révèle très animée en semaine, il y a beaucoup de commerces et d’activités.
Le mardi, 4 bateaux arrivent (dont 2 Français, 1 Américain et 1 Hollandais), nous faisons particulièrement la connaissance de Jack, l’Américain d’origine Hollandaise qui navigue sur « Fleetwood », un « petit » plan Langevin de 9 mètres construit en contre-plaqué. A 75 printemps, il revient d’un tour du monde puis a retraversé l’Atlantique, et après un passage en Hollande, a descendu les canaux Hollandais, le Rhin, le Danube avant d’arriver en Mer Noire puis en Mer Egée … Beau périple n’est-ce pas ?
Le vendredi, nous louons une voiture pour 2 jours afin de visiter cette grande île. Nous commençons par la partie Sud et la région de la Mastahoria qui possède une particularité, la récolte et la fabrication du « mastic » qui est une gomme à base de résine de Lentisque. Cet arbuste (qui est cultivé ici) possède la particularité de secréter des gouttes de résine très odorante qui ressemblent à des perles de cristal. Ces gouttes sont récoltées une à une par les autochtones et sont ensuite traitées par un producteur, et la gomme, aux vertus médicinales, est utilisée principalement en pharmacie et cosmétique. L’île de Chios est seule au monde à exploiter ce produit.
Le village de Pyrghi nous a aussi bien plu avec ses maisons aux façades décorées de motifs géométriques, les « Xystas ». La façade enduite de ciment gris foncé à base de sable volcanique est passée à la chaux puis grattée avec un outil pour faire ressortir le fond et former différents motifs… Cela donne de jolis résultats !


Le village fortifié de Mestra lui, ressemble plus à un abri en temps de guerre tant il est ramassé sur lui-même et parcouru de ruelles tellement étroites que le soleil ne passe pas. Les maisons en pierre ont des murs extrêmement épais et les toits, dont la plupart sont en pierre également, communiquent entre eux. Ce village a été construit par les Génois au XIVè siècle pour se protéger des invasions.


Amborios est une mignonne petite baie sur la côte sud bien abritée du vent dominant . Nous revenons ensuite par le centre de l’île couvert de forêts de pins contrastant avec l’aridité des montagnes aux approches de Chios-ville.
Le lendemain, nous profitons de la voiture pour faire un bon avitaillement puis nous partons explorer la partie Nord de l’île.
Après un passage au chantier de Tholos où quelques Français hivernent leur bateau, nous visitons Kardamyla, mignon petit port de pêche sur la côte Nord puis la route sinueuse contourne l’imposant mont Pelineo qui culmine à 1297 mètres avant d’arriver aux villages reculés de Vyki et Kampia . Ces vieux villages sont très authentiques, nous n’y voyons que des anciens … C’est vrai qu’il n’y a pas grande distraction par ici !
En revenant par la partie Ouest, une très grande zone de rase végétation des collines arides a malheureusement été dévastée par un incendie la semaine dernière.
Le Meltem est revenu et souffle intensément, nous empêchant maintenant de remonter vers Lesbos … Nous sommes bel et bien bloqués et les prévisions météo ne sont guère optimistes… En attendant , je passe une partie du temps à construire et à expérimenter des antennes wifi pour capter des réseaux internet à bord ( avec succès ! ).
Nous faisons aussi des ballades dans les environs qui sont très sympathiques et puis, le Meltem n’empêche pas le soleil de règner et les températures sont agréables, on pourrait être plus mal !
Il nous est venu à l’idée d’aller faire un petit tour de l’autre côté du bras de mer, aussi Le Jeudi 30 septembre, nous prenons un petit ferry pour Cesme – Turquie. La traversée du matin est plutôt remuante mais dès que l’on approche des côtes Turques, le vent s’estompe et la mer devient plus calme.
Le contraste entre la Grèce et la Turquie est étonnant ! En Grèce, des équipements portuaires médiocres et vétustes, là-bas, une gare maritime ultra-moderne, tout est propre voire même luxueux en ce qui concerne la marina et ses abords, ainsi que le bord de mer.
Le reste est à l'avenant, rues propres, ville calme et circulation automobile tranquille ... Il n'y a que dans les vieux quartiers tout en haut de la colline où l'on voit encore de la pauvreté et de l'archaïsme.
Dans la vieille ville, les rues sont pleines de boutiques à touristes, là nous préférons nettement Chios et sa vie intense et plus authentique !
Puis les jours passent, toujours même scénario, Meltem … Meltem et Meltem … Vendredi soir, il souffle pratiquement en tempête, les paquets d’embruns passent par-dessus le môle et Algieba se retrouve de nouveau plein de sel… Jack nous a invités à diner et nous a préparé un délicieux plat asiatique, nous avons passé une très bonne soirée en sa compagnie. La météo annonce enfin du changement pour la semaine prochaine, nous devrions pouvoir partir mardi … Wait and see !

Mardi 4 octobre – Chios –Enousses – 13 milles

Nous avons dû patienter jusqu’au début de l’après-midi pour enfin quitter la marina de Chios. Le vent a consenti à baisser un peu et souffle maintenant à 15-18 nœuds, toujours du Nord/Nord-est. Nous avons donc dû tirer 3 bords de près dans de bonnes conditions pour rejoindre Enousses.
Nous sommes partis juste derrière « Marvin », le solide Ketch de nos voisins Hollandais Rien et Gerda, nous sommes arrivés bien avant lui, nos 13 milles ont été couverts en 2 heures.
Nous retrouvons donc l’île d’Enousses où nous avons déjà passé plusieurs jours … Nous ayant reconnu, la gentille coast-guard nous fait cadeau de la nuit.

Mercredi 5 octobre – Enousses – Mytilene – 51 milles

C’est le chemin du retour … Partis par vent de Nord/Nord-est environ 12 nœuds, il nous a fallu tirer 2 bords pour franchir la passe entre Chios et Enousses, puis le vent a fraîchi 17 à 20 nœuds tout en virant Est/Nord-est, ce qui nous a permis de faire un cap honorable dans une mer de plus en plus formée, Algieba nous a encore offert une partie de « saute-moutons » puis cela s’est calmé au bout de 3 heures avec la traditionnelle pétole de midi et ensuite une petite brise de sud-ouest nous a accompagnés jusqu’à Mytilène et sa marina où nous avons élu domicile.