samedi 12 juin 2010
De Riposto à Vieste en Adriatique
19 au 21 mai – Riposto – visite de Taormina
Encore une fois, le vent (d’ouest cette fois) et l’orage nous obligent à prolonger un peu notre séjour à Riposto. Jeudi 20 fut une journée pourrie, vent et pluie l’après-midi…
Vendredi matin, en regardant par les hublots, quelle ne fut pas notre surprise de voir le sommet de l’Etna couvert de neige !
A cette saison et sous cette latitude, ce n’est quand même pas courant… Puis le vent d’ouest est arrivé, soufflant à 40 nœuds en rafales. Nous avons donc mis à profit l’après-midi pour prendre le bus jusqu’à Taormina distante de 25 kilomètres environ, destination incontournable pour les visiteurs de la Sicile dit-on.
Le parcours en bus nous a permis de constater que la région est extrêmement peuplée. Nous n’avons pour ainsi dire pas quitté les zones urbaines sauf de temps à autre un petit bout de campagne parmi les vallées fertiles et verdoyantes où l’on cultive essentiellement les agrumes mais aussi d’autres fruitiers et des légumes.
Taormina est effectivement une jolie petite cité perchée sur un promontoire rocheux dominant la mer mais … envahie de touristes de toutes nationalités ! Une succession ininterrompue de commerces occupe la rue principale et une rue menant au théâtre Grec .
Nous avons choisi de nous échapper de la foule et de grimper par de petites rues et escaliers jusqu’à proximité du château construit sur un éperon rocheux dominant la ville. Nous avons pu ainsi jouir de panoramas de toute beauté et en toute tranquillité !
Au retour, nous avons emprunté les petites ruelles belles et tranquilles, loin de l’agitation commerciale avec cependant un petit bain de foule pour la fin.
22 mai – Riposto – Taormina – 9 milles
Nous quittons le ponton en début d’après-midi par vent absolument nul. La météo annonce du nord-ouest faible, c’est dire si cette courte navigation va être tranquille. Las, dès que nous avons doublé les jetées de la marina, nous sommes cueillis par une mer confuse et un vent qui souffle à plus de 15 nœuds et de l’est ! Nous devons donc tirer 2 bords difficiles dans cette mauvaise mer, Algieba soulevant des gerbes d’écume.
Je fulmine contre ces météorologues qui, parfois, feraient mieux de changer de métier !
Bon, c’est la loi de la mer et nous n’avons qu’une toute petite route à faire … D’ailleurs, une heure plus tard le vent tombe et c’est à un train de sénateur que nous rejoignons le mouillage au pied de Taormina. La mer est calme, juste un petit roulis mais cette baie est grande ouverte sur le large … et cela ne manque pas, le roulis s’accentue à la tombée de la nuit qui sera pour le moins inconfortable.
23 mai –Taormina – Rocella Ionica – 70 milles
4h50, il fait encore nuit quand nous levons l’ancre pour une route assez longue qui doit nous emmener à Rocella Ionica située sur le sud du continent Italien ( la semelle de la botte). Nous laissons dans notre sillage l’Etna dont le sommet enneigé rosit au lever du soleil … Quelle beauté !
Nous sommes au moteur depuis une demie-heure mais nous arrivons à l’ouvert du détroit de Messine et un courant d’air commence à se faire sentir, nous envoyons donc la toile… Vent de travers 10 nœuds tout d’abord puis ça monte à 15 nœuds, nous filons à 8 nœuds, ça monte encore (20 nœuds) et nous réduisons alors un peu le génois . Algieba est déchaîné et le speedo monte à 9 nœuds, à ce train-là on sera vite arrivés ! Mais les meilleures choses ont une fin et dès le détroit passé, le vent tombe complètement … De nouveau, le ronronnement du Volvo se fait entendre. Nous avons quand même fait 21 milles en 3 heures.
Par la suite nous remettrons à la voile mais la progression sera lente car nous devons affronter 1,5 nœuds de courant contraire.
L’entrée de Rocella Ionica étant réputée délicate, nous finirons au moteur pour ne pas arriver à la nuit. Cette marina, construite vers 2000, a connu de gros problèmes (politico-financiers probablement) et n’a jamais été finalisée… Equipée de magnifiques catways (dont un cassé et jamais réparé), pontons couverts de belles bornes électriques mais sans courant et juste un robinet d’eau par ponton.
Jusqu’à l’année dernière c’était gratuit mais maintenant un homme au costume de général (au demeurant très sympathique) vient percevoir un écot.
Autant dire que beaucoup de voiliers en route pour la Grèce ou l’Adriatique font escale ici, nous aurons l’occasion d’y rencontrer Mareike, une très sympathique skippeuse de nationalité Allemande seule à la barre d’un magnifique Swan 46 qu’elle convoie en Croatie… C’est une sportive ! Elle nous fait visiter ce très beau bateau (classe !) et nous parle de ses projets de charter en Adriatique puis en Grèce.
Elle repartira dès le lendemain matin car son planning est très serré alors que nous, pour cause de pétole cette fois, nous restons encore un jour … peut-être deux ?
24 et 25 mai – Rocella Ionica
Nous sommes bien dans cet endroit et nous en profitons pour visiter le village, très agréable vers le haut et nous grimpons jusqu’au château médiéval par un chemin envahi de hautes herbes. De là-haut, nous avons un superbe point de vue.
Redescendus dans le village par les petites rues pentues, nous faisons la causette avec une commerçante, les gens sont très sympas et nous adressent facilement la parole … Alors on essaie de baragouiner en Italien !
26 mai – Rocella Ionica – Crotone – 63 milles
Départ à 6h45, le vent est nul et nous devons naviguer au moteur jusque vers 11h. Un léger vent de sud-est vient alors et nous hissons les voiles… Pour peu de temps car trois quarts d’heure plus tard il faut remettre le moteur, il fait très chaud dans le cockpit .Le temps de déjeuner puis une brise d’Ouest s’établit et nous faisons route à la voile. Cette brise forcit petit à petit et même carrément , peu avant de doubler le cap Colonne derrière lequel se trouve Crotone. Algieba accélère et nous devons nous faufiler entre deux plate-formes pétrolières pour gagner l’entrée du porto vecchio de Crotone vers 19h.
Là encore, nous devons nous amarrer l’avant au quai, le fort vent de travers nous empêchant de manœuvrer correctement.
27 et 28 mai – Crotone
Nous sommes agréablement surpris par Crotone qui, en plus de son imposant château Aragonais datant du XIIIè siècle et dont la visite est gratuite, possède une vieille ville de toute beauté à l’intérieur d’une ceinture de remparts.
Ce fut un plaisir de flâner dans ces ruelles très étroites et très populaires sentant bon l’Italie du Sud.
Une petite anecdote : Le premier soir, sur un catamaran presque voisin dont les propriétaires sont absents, un chien blanc de bonne taille à tête sympa n’arrête pas d’aboyer ( il m’énerve un peu !) …
Un peu plus tard, je sors pour rentrer la passerelle et j’entends des bruits d’eau et des grognements, le chien est à l’eau et s’épuise car il a une patte prise dans une amarre dont il ne peut se défaire. Je monte sur le cata, je parviens à attraper le collier du chien et, non sans mal, à libérer la patte, puis je le remonte à bord.
Le lendemain, je raconte cela aux propriétaires et le midi, la dame m’offre une bonne bouteille de vin de Ciro Marina (pays voisin) !
29 mai – Crotone – Santa Maria de Leuca – 72 milles
C’est encore une longue navigation qui nous attend car nous devons traverser le golfe de Tarente et probablement avec peu de vent. Nous partons à 5h45 et cette traversée se révèlera longue et ennuyeuse. L’après-midi, nous ferons quand même quelques heures de voile tranquille.
Nous arrivons à santa Maria de Leuca vers 20h, il n’y a personne pour nous accueillir mais les voisins Anglais nous aident à amarrer le bateau, du coup, la nuit sera gratuite …
30 mai et 1er juin – Santa Maria de Leuca
Le vent s’est établi au nord et sera fort durant la journée du 1er juin, nous interdisant la remontée du canal d’Ottrante pour entrer en Adriatique . Nous en profiterons pour visiter ce village plutôt sympathique avec d’assez extraordinaires villas en bord de mer nichées dans les pins. Cela fait penser à La Baule … Certaines villas sont très belles et d’autres un peu « rococo » ou « Disney land » .
Une grande basilique, lieu de pèlerinage, a été érigée sur le cap Leuca ( Finibus Terrae ainsi que le nommaient les Romains ) et on y accède par un immense double escalier de pierre dont la construction a été ordonnée par Mussolini . Les papes se rendent fréquemment en ce lieu.
Ce cap est le point de partage géographique entre la mer Ionienne et la mer Adriatique.
La campagne environnante est digne d’intérêt, ce sont des oliveraies en espalier toutes séparées par des murets de pierres sèches avec de temps en temps, des constructions coniques, en pierres sèches également , qui devaient être d’anciennes habitations.
Ces petites « maisons » ont toutes un petit escalier extérieur qui mène sur le toit.
Nous avons pu emprunter une toute petite route (il y en a peu) bordée de murets de pierre, qui serpente entre les oliveraies et s’élève pour donner un magnifique point de vue sur la mer.
La côte est découpée et offre des multitudes de grottes que les touristes visitent sur de petits bateaux.
2 juin – Santa Maria de Leuca – Brindisi
Une fois de plus, le parcours sera long car nous avons choisi de ne pas nous arrêter à Ottrante où il n’est pas très facile de trouver une place… Mareike y a passé une nuit inconfortable au quai des pêcheurs.
Départ donc à 6 heures du matin et, une fois le cap Leuca doublé, la mer Ionnienne est laissée derrière, place à la mer Adriatique.
Le vent étant absent, nous faisons route au moteur en longeant la côte montagneuse, nous voyons nettement les côtes d’Albanie de l’autre côté. .. Algieba fait toujours du Nord et vers 9h30, le 40è parallèle est de nouveau franchi, dans le sens inverse cette fois. Nous devons affronter un fort courant contraire (2,5 nœuds) qui nous ralentit … Je me dis qu’à ce train-là ce sera difficile d’arriver à Brindisi avant la nuit !
C’était sans compter sur Eole qui fait son apparition vers les 11 heures, venant du sud, et nous permet de hisser les voiles, plein vent arrière. Il forcira rapidement à 12/15 nœuds puis 18/20 nœuds avec rafales dans l’après-midi, en même temps le courant s’atténue.
Nous filons donc bon train en longeant une côte qui devient de plus en plus plate, beaucoup de plages, bars et restaurants dont nous entendons la musique à plusieurs milles.
La navigation est un plaisir, confortable malgré une mer un peu formée. Nous croisons (à distance respectable) de nombreux cargos qui descendent l’Adriatique… Le vent est régulier mais soudain, la grand-voile demande à empanner et ce vent bascule à l’Ouest sans prévenir, attaquant de plus belle !
Cette fois, Brindisi, dont nous apercevons les structures industrielles, se rapproche vite et c’est à 18 heures que nous faisons notre entrée à la voile et au près dans cet immense port, accompagnés par le sifflement du vent.
Nous manœuvrons pour affaler la grand-voile et je suis en train de la ranger quand j’entends mon matelot annoncer 2,50m de profondeur puis 1m … vite demi-tour … puis zéro ! Mais il ne se passe rien, elle a confondu speedo et sondeur ! En fait, nous avions 15 mètres dessous …
Nous allons jusqu’au fond du port, distant de presque 3 milles de l’entrée et trouvons un amarrage à la Lega Navale.
3 juin au 6 juin – Brindisi
La météo est médiocre et il est prévu du vent à 25/30 nœuds de nord, nous décidons de rester quelques jours à Brindisi. Nous sommes bien à la Lega Navale , nous prenons le « treghetto « (bac) pour traverser le petit bras de mer et aller en ville . Le centre historique est agréable, bien restauré, avec une très belle cathédrale, cependant ce n’est pas Syracuse !
Le port est animé, il y a un important trafic de ferries vers l’Albanie, la Grèce et la Turquie . En flânant le long du quai, nous admirons l’élégante silhouette de « RIELA », un grand voilier de luxe ( 56 mètres) . Vous pouvez louer ce magnifique ketch moderne avec son équipage moyennant la modique somme de 220 000 euros pour une semaine !
La lega navale ne nous tolère que 2 jours, il nous faut donc changer de place et nous rendre à la nouvelle marina dont la position est très excentrée, il nous faut cette fois prendre le bus pour nous rendre en ville dont nous sommes éloignés.
Là-bas, nous faisons la connaissance de Roberto, un très sympathique Italien local qui vient bricoler sur son bateau. Il nous offre de délicieuses salades de son jardin … En retour, il aura droit à un far Breton de fabrication maison !
Il voudrait que nous nous arrêtions à Villanova, petit port au pied de sa ville (Ostuni) mais, vu l’exiguité du port, la difficulté à trouver une place et le prix demandé, nous y renonçons… Dommage !
8 juin – Brindisi- Bari - 66 milles
C’est donc vers la grande ville de Bari que nous nous dirigeons.
Départ à 6h15 avec un soleil déjà bien présent et une mer calme, trop calme ! En effet, nous ferons l’essentiel de la route au moteur en suivant une côte avec un peu de relief où brillent les plastiques des cultures maraichères.
Nous nous rendons dans le grand port de commerce où, dans un coin, se trouve un petit club nautique au sein d’un grand complexe sportif. La ville est à 4 kilomètres, nous nous y rendrons à pied le lendemain .
Cette grande ville (600 000 habitants) est constituée d’une vieille cité fortifiée avec des remparts et un imposant château, et d’une ville nouvelle qui s’est développée autour. Elle possède deux ports : le petit Porto Vecchio au sud, qui est le port d’origine et l’énorme Porto Nuovo au nord, qui accueille l’important trafic de cargos et ferries.
La partie vieille ville est bien sûr très belle et parfaitement restaurée, on se perd dans le dédale des rues à arcades et des petites places. La pierre calcaire fait les édifices très blancs … Ce fut une visite agréable, nous y avons rencontré une Française en voyage et fait la causette un petit instant.
10 juin – Bari-Vieste – 56 milles
Le départ est un peu moins matinal (6h45), et le soleil est déjà haut. La météo nous annonce du vent de sud-est fraichissant en cours de journée à 17/18 nœuds voire 20 nœuds le soir sur Vieste.. Effectivement, en milieu de matinée, nous commençons à avoir du vent et vers midi, il est établi à 15/17 nœuds.
L’allure est au grand largue et nous marchons bien, la côte est perdue de vue car nous traversons une sorte de golfe, Vieste se situant sur l’ergot de la botte Italienne, cet ergot n’étant autre que l’imposant cap Gargano.
En cours d’après-midi, le vent cesse d’un seul coup, nous laissant voiles claquantes et bateau roulant sur une mer inconfortable… Le brave Volvo est donc remis en route à regret …
Un peu avant 18 heures, nous passons devant la petite ville de Vieste perchée sur son rocher et faisons le tour de l’île Santa Eufemia avant d’entrer dans le petit port.
La mer est remuante en cet endroit et je pense que par vent fort de Nord, ça doit cogner ici … Le cap Gargano est un cap costaud !
11 au … juin – Vieste
Nous restons ici quelques jours , d’autant qu’il y a un anniversaire à fêter, avant d’entreprendre la (petite) traversée vers l’île de Lastovo en Croatie . Ce sera la fin de l’épisode Italien qui aura duré un certain temps … En effet, nous sommes en Italie depuis fin juillet de l’année dernière ! Nous avons beaucoup aimé.
La ville de Vieste est très animée, la partie ancienne a été entièrement restaurée et est touristique quoiqu’en ce moment les touristes soient assez peu nombreux. Comme d’habitude, c’est un labyrinthe de ruelles étroites, si étroites que les balcons se touchent presque . Il vaut mieux être en bons termes avec son vis-à-vis ! De temps en temps, au coin d’une rue, une jolie vue sur la mer. Les falaises calcaires bordant le rivage sont d’une blancheur éblouissante … Bref, une bien belle petite cité.
Dans une semaine, nos amis Bainsois Dominique et Annick, viennent nous rejoindre à Dubrovnik. Nous avons hâte de les voir …
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