Vendredi 4 août – Escale à Lefkas
Lefkas , nommée aussi Lefkada ou Leucade, est une ville très active, tant au point de vue touristique que du côté économique. L’architecture est relativement récente car la ville fut détruite lors du tremblement de terre de 1953 et reconstruite de manière un peu anarchique. Seuls quelques vieilles maisons ou parties d’églises subsistent.
La plupart des maisons sont en brique et les murs sont recouverts de tôles peintes de jolies couleurs, ceci pour être en mesure de résister aux séismes éventuels.
Les clochers et clochetons ont également été reconstruits dont un en métal, ce qui lui donne une étrange allure.
La ville est entourée par une grande lagune peu profonde, l’île n’étant séparée du continent que par l’étroit canal que nous avons emprunté la veille.
Samedi 5 août – Lefkas – Baie d’Ormos Vlikho – 10 milles
Petite étape qui nous emmène à travers la lagune et son chenal vers un fjord profond où se trouve, à l’entrée, le village de Nydri et plus loin, la baie complètement fermée de Vlikho.
Le vent nous pousse tranquillement et, lorsque nous arrivons devant Nydri, nous sommes impressionnés par le trafic de bateaux qui vont et viennent dans tous les sens !
La « Baie tranquille » située en face de Nydri et chantée par Jean-François Deniaux n’a plus de tranquille que le nom, du moins en cette période de l’année. Une foule de bateaux y sont à l’ancre et certains y passent même l’hiver. Il y en a même qui sont dans un état de délabrement avancé …
En pénétrant plus avant dans le fjord, l’immense baie de Vlikho est beaucoup plus tranquille et nous y laissons tomber notre ancre dans le coin Nord-Est.
Bien sûr, il y a quelques tavernas et restaurants sur la rive Est, ce qui amène un petit trafic de vedettes à moteur souvent pilotées par des « Schumacher » du bateau… 500 CV au derrière, ils passent à grande vitesse quelquefois au ras du bateau, ils nous font danser !
Baigneurs, méfiez-vous et ne vous éloignez pas car ils vous couperaient la tête !
Ceci dit, ce n’est pas trop souvent et seulement à certaines heures de la journée … L’eau est à 26° et les baignades sont les bienvenues, surtout après quelques marches dans la campagne par les sentiers de chèvres et par des températures de 35°, pourtant en fin d’après-midi.
Le village de Nydri n’offre aucun intérêt, c’est une succession de boutiques pour touristes… mais il est bien pratique pour les courses et pour internet. Par contre, le petit village endormi de Vlikho est très intéressant avec ses vieilles maisons accolées au flanc de la montagne, toutes ornées de tonnelles de vigne montrant de belles grappes dorées. La vie s’y déroule lentement, les anciens lisent ou font de la broderie (sans lunettes, avons-nous remarqué) sous leur tonnelle. Curieusement, les touristes ignorent ce village !
En face de Nydri, se trouve l’île Madouri
où l’on peut voir la magnifique villa du poète national Grec Aristotelis Valaoritis, maintenant disparu, et près de la baie tranquille, se trouve la tombe de l’archéologue Dorpfeld qui émit la thèse selon laquelle Lefkas serait la patrie d’Ulysse et non Ithaque … Il est évidemment vénéré ici.
Un bateau qui ne nous est pas inconnu vient mouiller pas très loin de nous, « La Chouette » remonte de Turquie, Yves et Anne-Marie ( Yves est Breton de Douarnenez) nous invitent à leur bord et nous nous racontons nos aventures mutuelles.
Jeudi 12 août – Vlikho – Baie d’Abelike (île de Meganisi) – 7 milles
Nous avons cette fois jeté notre dévolu sur la baie d’Abelike située au nord de la petite île de Meganisi. Après une courte navigation qui nous permet au passage d’admirer l’île de Skorpios , propriété de la famille Onassis, nous nous faufilons parmi les quelques bateaux au mouillage jusqu’au fond de la baie où nous pouvons mouiller par 6 mètres d’eau, ailleurs c’est très profond… Il n’est que 11h30 et toute la journée, les bateaux vont arriver, s’entassant les uns sur les autres, beaucoup mettant des amarres à terre.
Nous commençons à trouver que cela fait beaucoup de monde, mais la surprise sera au retour de la promenade, une quinzaine de bateaux Hollandais ( location ) en voyage organisé sont venus constituer un village flottant à quelques encablures de nous ! Et c’est la fête le soir … Ah les joies du mois d’août !!!
Port Vathi n’est qu’à un quart d’heure de marche par une petite route qui serpente entre les oliviers, c’est une jolie bourgade dotée d’un petit port où accoste le ferry qui fait la liaison entre les îles.
Le lendemain, beaucoup de bateaux partent et nous serons plus tranquilles ! Nous irons, cheminant toujours à pied, parfois sous le soleil brûlant, parmi les innombrables oliviers, visiter le mignon et authentique petit village de Katomeri. Là aussi, beaucoup d’anciens, femmes en habit noir , tous nous saluant du traditionnel « Yassas »…
Le retour se fera par Port Atheni où sont rassemblés beaucoup de petits bateaux de pêche vivement colorés.
Samedi 14 août – Abelike ( île de Meganisi) – One house bay (île d’Atoko) – 15 milles
Cap au sud ce matin, afin de rejoindre la petite île montagneuse d’Atoko qui n’est pas habitée. Le vent est faible mais suffisant pour faire le trajet à la voile, il forcira d’ailleurs en fin de parcours. Le seul vrai mouillage se trouve au sud-est de l’île et se nomme « One house bay » car il y a une petite maison (inhabitée) près de la plage.
Nous y arrivons vers 14 heures et déjà une quinzaine de bateaux sont au mouillage dans cet endroit exigu mais d’une très grande beauté, imaginez un écran de verdure géant partant de la grève et grimpant presque à la verticale jusqu’à 334 mètres d’altitude, le vert des arbres contrastant avec le bleu turquoise de l’eau, tout cela sur un fond de ciel bleu Méditerranéen.
Des milliers de cigales peuplent les lieux ainsi que quelques chèvres sauvages que nous apercevrons le soir sur la plage.
Le vent est déjà bien établi au Nord-Ouest et souffle en rafales descendant de la montagne. Nous trouvons difficilement une place et mouillons près de la plage, l’ancre est vivement sollicitée mais elle est bien crochée dans le sable et tiendra bon. Dans l’après-midi, les bateaux partent les uns après les autres et nous ne serons plus que cinq le soir. La nuit sera malheureusement très ventée et peu tranquille…
Dimanche 15 août – One House Bay – Astakos ( continent) – 13 milles
Retour au continent, toujours à la voile, avec un bon vent portant . Nous faisons notre entrée dans la baie d’Astakos vers 12h30 et mouillons une demie-heure plus tard en face du port de cette grosse bourgade autrefois tournée vers la pêche à la langouste… Astakos signifie langouste en Grec.
Nous ne sommes que trois au mouillage, on respire un peu mais … Il fait une chaleur accablante, il souffle un vent brûlant, la température monte à 40°. Un petit bain de temps en temps pour se rafraîchir et en fin d’après-midi, nous allons « en ville » … prendre un verre à une terrasse !
Ce bourg est construit de manière anarchique, de vieilles maisons y côtoient des immeubles plutôt laids et les rues sont rectilignes.
Cependant, sur les arrières, au pied de l’imposante montagne, nous trouvons des petits chemins tranquilles bordés de petites maisons sympathiques avec de jolis jardins.
Au mouillage, quand le vent vient du nord, nous avons quelques odeurs désagréables et nous supposons qu’il y a encore des égoûts qui doivent se déverser dans la mer !
Mardi 17 août – Astakos- Messolonghi ( Golfe de Patras)- 35 milles
Nous quittons Astakos vers 9 heures, la météo annonce des vents plus forts pour l’après-midi, mais comme ils seront portants, cela ne nous inquiète pas.
Nous nous faufilons entre les îles Echinades, admirant la beauté du paysage, le vent nous pousse tranquillement mais il forcit petit à petit.
A l’entrée du Golfe de Patras, il atteint 15 à 20 nœuds puis augmentera jusqu’à 30 nœuds avec des rafales a plus de 35 nœuds …
C’est donc une mer agitée à l’entrée du long canal bordé de jolies maisons sur pilotis qui conduit à Messolnghi, puis le plan d’eau se calme et nous arrivons à la nouvelle marina .
Mercredi 17 au Vendredi 20 août – Messolonghi
Escale prolongée dans cette marina en cours de finition … donc en travaux mais pas trop gênants. L’environnement s’en ressent bien sûr mais il y a l’essentiel. Après avoir vu la ville qui est vivante et agréable, parcouru les environs ( lagunes, marais salants mais aussi montagne ) avec nos bicyclettes que nous avons sorties pour l’occasion, et aussi examiné les tarifs qui sont attractifs, nous décidons que ce sera notre lieu d’hivernage à partir de la mi-octobre.
En attendant, nous allons continuer à explorer les îles Ionniennes qui ont encore beaucoup de trésors à nous faire découvrir.
Samedi 21 août – Messolonghi – Port Vathi (île d’Ithaque)- 41 milles
Ce matin, la chaleur est torride, le vent souffle vigoureusement d’Est , il serait dommage de ne pas en profiter pour sortir du golfe de Patras. Nous partons donc un peu précipitamment et du coup, nous oublions les documents du bateau à la marina … Tant pis, nous reviendrons plus tard les chercher.
Jusqu’à la sortie du golfe, nous aurons un bon vent portant quoique parfois rafaleux, certaines pointes dépassent les 35 nœuds et il y a de la vague !
Une fois passé le cap … nous devons mettre le moteur et c’est en fin d’après-midi que nous entrons dans la grande baie de Port Vathi, à ne pas confondre avec Port Vahti de Meganisi. Le village ceinture la baie et tout le fond est entouré de quais, de restaurants, tavernas, l’endroit est plutôt peuplé mais le village, qui s’étale sur les hauteurs, est magnifique !
Nous sommes dans la patrie d’Ulysse … …
Cette baie, quoique un peu bruyante la nuit, est agréable et nous avons tout ce qu’il nous faut, même internet à bord. Nous y resterons donc 5 jours car nous ne sommes pas pressés. La ville, comme beaucoup d’endroits de cette région sensible, a été complètement détruite par le séisme de 1953 puis reconstruite. Elle ne manque cependant pas de charme avec un centre animé et de jolies maisons sur les hauteurs ceinturant la baie.
Nous passons un dimanche très tranquille, agrémenté d’une promenade à pied dans la colline, avec toujours de magnifiques panoramas.
Puis, le lundi en fin d’après-midi, une horde de bateaux de location arrive, les uns s’entassent à quai, les autres se mettent au mouillage, nous sommes cernés de près et plusieurs bateaux risquent de s’emboutir ! Ils repartiront tous le lendemain dans la matinée laissant la baie vide, puis d’autres les remplaceront en fin d’après-midi …
Nous profiterons de cette journée pour louer un scooter et partir à la découverte de l’intérieur de l’île par de petites routes de montagne parfois défoncées. Perachori est un petit village tranquille niché dans la montagne, ses maisons colorées s’étalent sur son flanc.
Après la fontaine d’Arethuse, lieu où Ulysse rencontra le porcher Eumée, en direction du sud de l’île, nous sommes obligés de rebrousser chemin car la route n’est plus praticable.
Nous remettons cap au nord, repassons par Vahti et, après une délicieuse baignade dans une eau transparente au détour de la route, nous faisons notre pause déjeuner dans le magnifique village de Stavros. Ici dit-on, se trouvait le palais du roi Ulysse bien que sa localisation soit sujette à controverse.
Le retour se fait par l’intérieur et notre Piaggio nous emmène jusqu’à près de 700 m d’altitude, à Anogi qui est l’ancienne capitale de l’île. Aujourd’hui, ce petit village, où beaucoup de maisons sont en ruines, est complètement endormi et nous parlons à voix basse de peur de réveiller les habitants… Il est vrai qu’à 15 h, tout le monde fait la sieste … sauf les fous de touristes !!!
Mais nous voulons rejoindre notre bord assez tôt car la brise devrait vivement se faire sentir en fin de journée… Et les bateaux de location menacent !
Le lendemain après-midi, le vent devient fou et souffle en rafales à 30 nœuds et plus … Vers 17h, notre brave ancre qui n’avait jamais failli, décroche et Algieba s’en va doucement . Heureusement que nous sommes à bord, Je m’en rends compte aussitôt et nous refaisons une nouvelle manœuvre de mouillage avec une longueur de chaîne plus importante car il y a peu de bateaux à ce moment (35 mètres pour 3,50mètres d’eau … Les connaisseurs apprécieront !).
26 aout – Vahti – Kioni - 6 milles
La jolie petite anse de Kioni s’ouvre à nous en fin de matinée après une courte navigation au moteur. Nous trouvons facilement une place cul aux rochers après une savante manœuvre pour mettre les amarres à terre !
Il y a peu de bateaux à cet instant mais cela va changer en peu de temps.
Le petit port est plein dès le milieu d’après-midi et les retardataires ne trouvent pas de place. L’endroit est très mignon et extrêmement bien protégé du vent dominant de Nord-Ouest, il offre également la possibilité de randonner dans la montagne, ce que nous faisons le lendemain matin, profitant d’une température encore douce pour escalader les chemins muletiers courant parmi les oliviers, les vignes puis les forêts de chênes verts et nous faisant découvrir de superbes panoramas sur les îles environnantes.
Il n’y a pas âme qui vive sur ces chemins, sinon quelques biquettes.
28 août – Kioni- Fiskardo (île de Céphalonie) – 10 milles
Nous quittons Ithaque pour Céphalonie, sa grande voisine et nous arrêtons dans le petit port de Fiskardo. Là encore, amarrage cul aux rochers mais la manœuvre est rendue plus difficile par le vent traversier. Comme il faut faire vite, je me jette à l’eau avec l’amarre et nage vigoureusement vers les rochers .
Gasp ! Le bateau tourne déjà et il me manque 2 mètres d’amarre ! Heureusement , un Hollandais déjà sur place arrive à la rescousse avec son annexe et nous parvenons à amarrer Algieba qui est allé tutoyer son voisin (assez éloigné) mais pas de dommages !
La prochaine fois, je me promets de prendre une amarre très longue !!!
Nous sommes bien installés dans cet endroit tranquille, perturbé seulement par le passage de quelques ferries.
Le village de Fiskardo ( le seul de l’île à avoir été épargné par le séisme de 1953) est plutôt joli et agréable mais très touristique. Il est célèbre pour le passage de stars du show-biz et autres milliardaires… De gros yachts y sont amarrés.
Le lendemain, un voilier Français vient s’amarrer près de nous et rencontre bien des difficultés pour réussir son amarrage. Revanche de la veille, je vais les aider à porter leurs amarres. Du coup, nous sympathisons avec Dominique et Nicole qui voyagent à bord de Houbibi, un solide Nordship construit au Danemark.
30 août – Fizkardo – Eufimia – 12 milles
Nous empruntons le chenal d’Ithaque qui sépare Céphalonie de Ithaque. Ce bras de mer ,large de quelques milles est réputé très venté, mais ce matin une gentille petite brise nous pousse tranquillement et nous mettons trois petites heures pour rejoindre Eufimia.
Ce village est niché au fond d’une petite baie, à l’ouvert d’une vallée, aussi un fort courant d’air (20 nœuds) nous accueille et le mouillage est rendu difficile avec ce vent et de plus, le fond y est de mauvaise tenue. Nous devons donc nous y reprendre à trois fois pour bien crocher l’ancre.
En compagnie de Dominique et Nicole, nous ne faisons qu’une courte visite à ce village agréable mais sans grand caractère.
En fin d’après-midi, les inévitables bateaux de location arrivent en masse et envahissent le quai, heureusement nous en sommes assez loin !
31 août – Eufimia – Messolonghi - 43 milles
Retour à notre marina d’hivernage pour y récupérer les papiers du bateau et refaire de l’avitaillement avant de repartir pour les iles ou le golfe de Corinthe. Il y a eu une averse ce matin, c’est la première pluie que nous voyons depuis la mi-juin.
A bientôt pour de nouvelles aventures.