Bonjour à tous,
Notre séjour en Sicile touche à sa fin et nous nous préparons à rejoindre le continent Italien, en voici un petit résumé:
21 au 25 avril 2010 – Marsala
Nous avons subi un bon coup de Scirocco durant 3 jours, avec un temps gris et parfois un peu de pluie et aussi parfois des rayons de soleil. Nous en avons profité pour visiter cette ville agréable comme je l’ai déjà dit. Le « Centro storico » est particulièrement intéressant, avec ses petites rues étroites, une magnifique cathédrale, des palais, des églises, des vieilles façades et des vestiges du riche passé à tous les coins de rues.
Marsala fut ainsi nommée par les Arabes « Marsa Allah » qui signifie le Port de Dieu. Son histoire est bien sûr très riche avec des invasions successives : Phéniciens, Grecs, Romains, Carthaginois, Arabes et même Normands … Son vin liquoreux est célèbre dans le monde entier, il fut connu grâce à John Woodhouse, un Anglais qui découvrit ce vin et le commercialisa vers l’Angleterre … Sacrés Anglais !
26 avril 2010 – Marsala – Mazarra del Vallo – 16 milles
Nous avons pris l’option de longer la côte sud de la Sicile, aujourd’hui, c’est une courte navigation par bon vent portant. Ce vent s’est bien renforcé en cours de route et c’est avec plus de 25 nœuds que nous entrons dans le port de Mazarra rempli de chalutiers et bateaux de pêche de toutes sortes. Il y a quelques pontons pour la plaisance sur tribord en entrant et, tandis que nous cherchons une place, un marinero nous fait de grands signes, il est efficace et nous aidera à tirer sur les pendilles, ce qui n’est pas facile avec ce vent.
Nous resterons le lendemain pour visiter cette petite ville marquée par une très forte influence Arabe. La vieille ville, avec ses rues étroites et tortueuses, a des allures de Médina. Nous pouvons y voir beaucoup de petites échoppes et nous avons même pu admirer un tailleur (de vêtements) au travail.
Par ailleurs, la cathédrale, dont les plafonds sont peints, est admirable et les églises, toutes aussi belles avec leurs clochers ornés de céramique ou de fer forgé, sont légion.
28 avril 2010 – Mazarra del Vallo – Sciacca – 30 milles
Nous quittons Mazarra en milieu de matinée par vent faible de sud/sud-est, cependant nous pouvons naviguer à la voile au près –bon plein. Avec 5 nœuds de vent, Algieba fait 4 nœuds, ce qui fait notre bonheur, d’autant que le soleil est radieux. Vers 13h, j’ai un contact avec un radio-amateur de Nantes et nous restons à discuter une bonne demi-heure, il me dit qu’il fait super beau là-bas … Tant mieux, il y en a pour tout le monde !
Mais plus tard, le vent tourne à l’ouest, environ 15 nœuds, nous filons vent arrière et le ciel prend une teinte noirâtre, l’orage menace … Cependant, il ne se déclenchera pas et nous arrivons, secs, à Sciacca. Ce fut une belle navigation, entièrement à la voile !
29 avril au 5 mai Sciacca – visite d’Agrigento
Nous avons l’intention de rester plusieurs jours à Sciacca car c’est une très belle ville, très escarpée et riche en monuments. C’est une ancienne place fortifiée et la ceinture de remparts est encore présente, les portes qui donnaient accès à la ville sont encore en bon état.
Comme dans beaucoup de villes Siciliennes, les églises sont nombreuses, ainsi que les petits commerces installés dans les ruelles en forte pente.
Les rues principales se nomment Via et les ruelles Vicolo, nous remarquons beaucoup de ce qui semble être une ruelle mais qui se termine en cul de sac par une cour intérieure, ce sont les « cortile », parfois très beaux mais aussi parfois très dégradés.
Le dimanche après-midi, sur une petite place située en haut de la ville, nous avons pris plaisir à nous asseoir sur un banc et observer les anciens qui se rassemblent dans une atmosphère de calme et de temps qui semble arrêté. Certains nous adressent la parole mais nous avons bien du mal à comprendre surtout qu’ils sont parfois édentés !
Lundi 3 mai, nous avons pris le bus pour nous rendre à Agrigento, l’ancienne Akragas, cité Grecque fondée en 581 avant JC, où l’on peut admirer la Vallée des Temples dont certains sont encore bien conservés, à l’image du temple de la Concorde. On peut y admirer les restes d’une civilisation très prospère et très organisée.
Tous ces vestiges sont situés sur une arête rocheuse dominant une vallée verdoyante allant jusqu’à la mer. Il y a bien sûr de nombreux troupeaux de touristes de toutes nationalités qui arpentent les roches, précédés par un guide… D’autres ont leur oreille collée à une espèce d’appareil qui doit leur servir de guide …Vu la température, l’oreille doit vite chauffer !
La ville d’Agrigento, située un peu plus haut est plaisante mais elle s’est développée et de nombreux immeubles ont fait leur apparition.
Alors que nous pensions pouvoir repartir, le baromètre baisse rapidement et le scirocco refait son apparition , 40 nœuds dans la nuit de lundi à mardi et autant la matinée suivante … Algieba tire fort sur ses amarres, cela promet en plus une belle houle pour les jours à venir !
6 Mai – Sciacca – Licata 52 milles
Ce fut encore une belle navigation … Partis sans vent, celui-ci a commencé à se manifester 1 heure après notre départ. Tout d’abord un léger zéphyr de sud nous permettant de naviguer tranquillement au près-bon plein puis il s’est renforcé graduellement tout en basculant à l’ouest, nous filâmes donc plein vent arrière.
Bien sûr, la mer s’est formée mais la navigation est restée agréable, le bateau filant à 7/8 nœuds par 15/18 nœuds de vent sur une mer qui commence à se parsemer de taches blanches. Cette mer couleur de jade contrastant agréablement avec la côte montagneuse et plutôt pelée de ce coin de Sud Sicile. Vers 16h, l’anémomètre est grimpé à 20/25 nœuds et déjà, nous avions Licata en vue.
Nous sommes entrés dans ce grand port industriel, cherchant un coin pour s’y mettre… Ayant remarqué une espèce de ponton où il y avait quelques bateaux de plaisance, nous nous sommes approchés… Pas un chat dans le coin ! Nous décidons donc de nous mettre à couple d’un bateau à moteur pour étudier les moyens d’amarrage qui nous paraissent compliqués. La manœuvre est rendue difficile par le fort vent de travers mais nous y parvenons.
Installation de la passerelle pour rejoindre le ponton qui est sur pilotis et il faut s’amarrer sur 4 corps-morts... Cela nous parait fort compliqué d’autant que nous avons du mal à localiser les pendilles. Pour l’avant, ça va… Mais pour l’arrière, je ne trouve qu’une misérable pendille qui est reliée à une amarre me paraissant de bien faible section et que j’ai bien du mal à attraper… Le vent devant faiblir la nuit, nous décidons de rester comme cela et la nuit se passe bien quoique le clapot nous ait quelque peu gênés ! … Mais ce fut gratuit.
7 mai – Licata – Marina di Ragusa – 36 milles
La marina où nous projetons d’aller est réputée fort onéreuse mais nous n’avons pas tellement le choix, les escales possibles étant plutôt rares. Nous quittons les cargos de Licata sans trop de regrets par beau temps et vent faible. Nous alternerons voile et moteur et profiterons d’une navigation calme ( bronzette …) agrémentée par la visite de quelques dauphins.
Nous coupons au plus court le grand golfe de Gela, autre port industriel et pétrolier et nous nous rapprochons d’une côte plus plate, couverte par endroits de serres dont nous voyons briller les plastiques. Nous n’avons pas vu une seule plage depuis Sciacca … Nous sommes maintenant sous le 37è parallele , par 36°59 de latitude... L'Afrique est tout près.
Une fois doublée la Punta Secca , nous apercevons les jetées de la marina . Nous sommes accueillis par un marinero en zodiac( très sympathique) qui nous conduit à une place. Il n’y a pas beaucoup de bateaux dans cette grande marina toute neuve !
Amarrage impeccable … Il n’y a pas un quart d’heure que nous y sommes que voilà le scirocco qui se lève brutalement. Nous nous rendons vite compte que Algieba se met en travers et son arrière flirte avec le ponton.
Bien sûr, impossible de tirer sur les amarres de corps-mort avec ce vent … Je fais une tentative au winch mais ce n’est pas suffisant car la position des amarres ne permet pas de tirer correctement.
Nous faisons donc appel aux marineros et avec l’aide du zodiac qui pousse le nez du bateau, nous pouvons reprendre un autre corps- mort plus éloigné … et ça va mieux ! Par sécurité, nous ajoutons une troisième amarre reliée à un autre corps-mort … Je suis éreinté !
Bonne surprise, la note étant beaucoup moins salée que prévu, nous nous accorderons une deuxième nuit, ce qui nous laissera le temps de visiter Ragusa distante de 25 kms.
Un petit tour de bus qui nous permet de constater que la région est très agricole, nous voyons de grandes fermes, des parcelles cultivées toutes délimitées par des murets de pierre ,des troupeaux de vaches etc…
Nous ne serons pas déçus par cette ville perchée sur le flanc d’une vallée verdoyante où nous pouvons flâner tranquillement dans les vieux quartiers et admirer (encore !) les beaux édifices anciens et goûter une atmosphère d’un autre temps.
9 mai – Marina di Ragusa – Pozzallo - 23 milles
Petite navigation cool au vent arrière entièrement à la voile mais, encore une fois, arrivée sportive dans le grand port industriel de Pozzallo. Le vent a fraichi d’un seul coup, passant de 9/10 nœuds à plus de 20 nœuds alors que nous étions de bonne heure (15h). Il faut aller complètement dans le fond du port où il y a 2 petits pontons que nous ne voyons pas , nous allons donc nous amarrer sur un ponton qui sert en fait pour la mise à terre des bateaux … Nous devons donc déguerpir et aller en face où nous voyons les bateaux des carabinieri, guardia costera etc !
Nous trouvons finalement le bon endroit mais Algieba refuse obstinément d’aller au quai en marche arrière( vent fort traversier), aussi devons-nous mettre l’étrave au quai , ce qui n’est pas pratique pour descendre ! De plus il y a un clapot infernal … et c’est cher !
La ville est quelconque, nous n’y reviendrons pas !
10 mai – Pozzallo – Marzamemi – 22 milles
De nouveau , départ par petite brisette de sud, nous n’allons pas vite au grand largue par 3 ou 4 nœuds de vent , mais nous ne sommes pas pressés… J’en profite pour bricoler à l’intérieur du bateau.
Petit à petit, le vent augmentera, nous permettant de naviguer à allure moyenne. Une fois doublé le cap Passero, qui marque la fin de la côte sud de la Sicile, le vent fraîchit à 20 nœuds tandis que nous passons à une allure travers, nous filons alors à 8 nœuds vers Marzamemi qui se rapproche vite. Nous pensons alors que l’amarrage va être sport, mais non, ce petit port est très bien abrité et la manœuvre se fera en toute tranquillité !
12 mai – Marzamemi – Syracuse
Le vent souffle de l’est modérément mais nous devons tirer plusieurs bords pour remonter vers Syracuse. La côte est plus montagneuse et bordée de plages. Au moment de doubler le cap Murro di Porco, le vent adonne et nous passons comme une fleur ! S’ouvre alors un grand golfe avec, dans le fond, Syracuse la magnifique.
Nous entrons dans une vaste baie, fermée par l’antique île Ortigia et ses remparts , quelques bateaux sont à l’ancre vers le fond et nous les imitons.
Le mouillage est calme et magnifique, avec vue sur la ville fortifiée dans la lumière rose du soleil couchant.
13 mai au 17 mai - Syracuse
Nous restons 2 jours à l’ancre et visitons cette merveilleuse ville pleine de trésors architecturaux. La muse de cette ville se nomme Aretuse. Dans la mythologie, cette nymphe fut transformée en source par Artemise après avoir été séduite par le dieu Alphée … Cependant, Zeus, ému par la douleur d’Alphée, transforma celui-ci en fleuve de façon à ce que les amants puissent se rejoindre…
On peut voir la fontaine d’Aretuse avec ses bouquets de papyrus, cette fontaine d’eau douce est située à quelques mètres de la mer !
Les prévisions météo annonçant un coup de vent, nous choisissons d’aller à la marina où nous serons plus tranquilles. Bien nous en a pris car la nuit suivante fut très agitée et le lendemain matin, plusieurs bateaux restés au mouillage viennent chercher refuge dans la marina, avec grandes difficultés dans les manœuvres d’amarrage. Les vagues passent par-dessus le ponton extérieur !
Cette marina est mal abritée de l’ouest et les bateaux sont quelque peu malmenés, nous pas trop car nous sommes bien à l’intérieur. Vers 13h, les rafales atteignent 40 nœuds, il est impossible d’emprunter le ponton brise-lames pour sortir sans se faire arroser copieusement.
Nous poursuivons notre visite de la ville qui reçoit déjà beaucoup de touristes , le théâtre Grec nous laissera un peu sur notre faim car les gradins de pierre ont été recouverts de planches de bois peintes en gris, certains vieux édifices ont été également recouverts de bois et un plancher moderne recouvre la scène !
Finalement, le coup de vent aura duré trois jours, nous en profitons pour changer les deux batteries de service qui donnent des signes de fatigue.
18mai – Syracuse – Catania -32 milles
Nous sortons de la baie de Syracuse dans le milieu de matinée et naviguons au près par petit vent de nord-est. Vers midi, le vent tourne au sud/sud-ouest et c’est une jolie brise qui va nous pousser vers Catania.
En chemin, nous pouvons observer de petits espadons d’une cinquantaine de centimètres qui font des sauts acrobatiques … Nous mettons la ligne à l’eau mais nous serons encore une fois bredouilles !
Puis le majestueux Etna se profile à l’horizon, son sommet perdu dans les brumes et c’est le port de Catane.
Les bateaux de plaisance se mettent au fond de ce port très vaste qui reçoit cargos et ferries.
La ville est plutôt plaisante une fois franchis les abords du port qui sont sales. Nous faisons une rapide visite qui nous permet d’admirer de beaux édifices ( mairie, palais, églises) bien que les façades soient souvent noircies.
Cette ville a beaucoup souffert, d’abord presque entièrement rasée par une coulée de lave en 1669, un tremblement de terre en 1693 acheva le travail. Elle fut reconstruite en un élégant style XVIII ème et de nombreux blocs de lave furent utilisés.
La ville est très active, que ce soit sur terre (voitures et embouteillages), sur mer (ferries, cargos) ou dans l’air avec l’aéroport international au trafic intense.
19 mai – Catania – Riposto – 20 milles
Nous quittons le port vers 10h, le vent est sensible de sud et se renforce assez rapidement, atteignant 16 nœuds vers 13h. Nous longeons la côte de près, bon vent arrière, sous la domination de l’imposant mont Etna dont nous pouvons voir le sommet encore couvert de plaques de neige. Un bateau militaire escorté de deux hélicoptères fait des exercices et ils nous tournent autour …
Arrivée à Riposto avant 14 h – Grande marina bcbg, chère, et ville au tracé de rues géométrique sans grand intérêt.
Nous devrions traverser à partir d’ici vers le continent Italien mais la météo est encore une fois incertaine et le baromètre baisse ! A suivre …
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